Les lycéens de Sainte-Marie Riom s’engagent

Chaque année des dizaines de lycéens s’engagent bénévolement dans des actions placées sous la protection de saint Vincent de Paul et appelées « Conférences de Charité ». Jean-Christophe Chaput, professeur de SVT, en assure la mise en place et le suivi, perpétuant ainsi une tradition bien ancrée à Sainte-Marie. Nous l’avons rencontré.

En quoi consistent les actions menées par les lycéens et combien sont-elles ?
Elles sont au nombre de quatre : aide aux devoirs pour les collégiens ; garderie des enfants pendant les réunions parents-professeurs ; parrainage d’un collégien qui aurait besoin d’un soutien dans la cour de récréation par exemple ou d’un élève des classes ULIS ; une collecte alimentaire pour les Restos du cœur et une collecte de jouets pour Noël au profit du Secours catholique.

Combien d’élèves sont concernés ?
L’année dernière, 2021-2022, 149 lycéens sur environ 260 étaient inscrits à SVP, toutes classes confondues. Parmi ses 149 élèves, 83 ont donné de leur temps. Si les autres n’ont pas été sollicités, c’est tout bonnement parce que nous n’avons pas eu besoin d’eux. Au niveau de l’aide aux devoirs, 66 collégiens ont été aidés. Cette année, pour l’aide aux devoirs, 81 lycéens se sont portés volontaires. Pour la garderie, 78. Pour le parrainage, 21 et pour l’action Secours catholique et Restos du cœur, 62. Soit un total de 242 lycéens participants aux actions SVP !

Quels sont les arguments que vous faites valoir auprès des lycéens pour les convaincre de prendre part aux actions ?
Quand je passe dans les classes en début d’année pour leur présenter les actions de SVP, je leur explique qu’ils sont libres de leur choix, que je leur laisse le temps de la réflexion, qu’ils peuvent s’inscrire à une seule action, etc. Je leur explique également que leur participation aux actions de SVP sont mentionnées dans leur dossier scolaire et qu’elles leur donnent un crédit certain au moment de postuler dans une école de l’enseignement supérieur.

Comment se déroule la mise en place de l’aide aux devoirs ?
Une fois le recrutement des élèves terminé, je demande aux professeurs principaux du collège de cibler les collégiens susceptibles d’être aidés et de me fournir des informations utiles les concernant afin d’attribuer à chacun d’entre eux un lycéen avec lequel cela collera. Puis les professeurs principaux voient les responsables de niveau qui, eux, établissent la liste des collégiens en spécifiant leurs besoins (méthodologie, matières, etc.) et leurs disponibilités. A partir de ces éléments, je constitue les binômes et j’organise une rencontre entre le collégien et le lycéen qui échangent leur numéro de portable afin d’éviter les problèmes d’absence ou de retard. Au cours de cette rencontre, une fiche à faire signer par les parents, le professeur principal et le responsable de niveau est remise au collégien. Je précise enfin que le binôme n’est évidemment pas livré à lui-même, un suivi est assuré, et que le collégien est libre de ne pas accepter de recevoir une aide. Tout repose sur le volontariat.

Depuis quand existe ces actions ?
C’est une vieille tradition de Sainte-Marie, notamment l’aide aux devoirs. On peut même parler d’héritage. Moi-même j’y ai participé… lorsque j’étais lycéen ici… dans les années 80. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles j’y suis très attaché. Le professeur qui s’en occupait à l’époque était M. Hébrard. Il enseignait les mathématiques.

Comment les lycéens les perçoivent ?
Quand je présente aux lycéens les actions de SVP en début d’année, je leur demande toujours : « Qu’est-ce que le bénévolat pour vous ? » Leur réponse tourne souvent autour de la « satisfaction de bien faire »… Je leur dis : « Très bien ». Mais je les emmène tout de suite sur un autre terrain : donner de son temps sans contrepartie, se tourner vers les autres, s’ouvrir à eux, ne pas rester centré sur soi-même. Autre point sur lequel j’insiste : l’aide aux devoirs est une passerelle qui relie le collège au lycée, car des collégiens qui ont été aidés sont amenés, lorsqu’ils entrent au lycée, à aider à leur tour.

La fraternité, ça s’apprend !

Lorsque l’on a la chance de découvrir le lycée Sainte-Marie de Riom, on ne peut pas rester insensible à ce que l’on appelle ici « Les fraternités ». Elles sont au nombre de quatre : les Aigles, les Anges, les Lions et les Taureaux.

Chaque année, les élèves de seconde, dès leur entrée dans cette maison, intègrent leur fraternité lors d’un tirage au sort. Dès ce jour, ils sont accueillis par leurs ainés de première et de terminale. Ils auront la chance d’y découvrir le partage, la solidarité, le respect, la nécessaire cohésion de groupe.

Trois défis marquent la vie des fraternités durant l’année scolaire. Un défi sportif, un autre artistique et enfin le dernier est culturel. Des épreuves ludiques, dans un esprit joyeux, vont donc voir s’affronter les lycéens. La fraternité qui totalise le plus de points à l’issue du dernier défi se voit remettre un trophée réalisé par l’un des agents techniques de la maison.

Le mot fraternité nous dit beaucoup de chose sur les valeurs que l’on souhaite transmettre à tous ces jeunes. Il peut désigner le lien de parenté entre frères et sœurs d’une même famille, un sentiment de proximité unissant les membres d’une communauté quand ils partagent les mêmes convictions, les mêmes luttes. Elle s’expérimente quand il faut se serrer les coudes et faire face ensemble.

Dans la déclaration universelle des droits de l’homme, la fraternité renvoie à un état d’esprit essentiel qui rassemble les hommes par-delà leurs différences. « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». Troisième pilier de la devise républicaine, la fraternité n’est pas un droit qui se revendique ou se réclame comme la liberté et l’égalité. Elle est un esprit, une force spirituelle qui déplace les frontières entre les hommes et dont les origines sont d’abord bibliques.

« Qu’as-tu fait de ton frère ? » demande Dieu en condamnant les rivalités qui menacent tout lien fraternel.

Nous avons la chance, à Sainte-Marie, d’être guidés par l’héritage que nous laissent les Pères Maristes : une communauté qui place l’élève, le jeune au centre de nos actions pédagogiques et éducatives.
Ces « fraternités » en sont un bon exemple.

Vivre la fraternité, c’est aller à la rencontre de l’autre, celui vers qui je ne me serais pas tourné naturellement, parce qu’il est trop différent de moi. C’est partager la vie quotidienne, en se découvrant une humanité commune, en faisant l’expérience de la vie d’équipe. C’est développer une attention au voisin, au nouveau, au plus fragile.

L’objectif de ce projet est bien de faire grandir ces jeunes dans la foi, la fraternité et le service. « Ce que l’on apprend de profond, on l’apprend par l’expérience et pas seulement par la leçon ».

Un grand merci aux enseignants, aux éducateurs et à tous les personnels qui permettent la réalisation de ce beau projet à Sainte-Marie.

Yann THEBAULT, Chef d’établissement du Collège et Lycée Sainte Marie de Riom