Nous y sommes enfin arrivés… à nous réunir à « Bury-Rosaire », ensemble scolaire mariste du Val d’Oise pour notre session pastorale annuelle. Elle était annoncée depuis deux ans mais la COVID nous a joué des tours.
Une cinquantaine de personnes ont donc eu la joie de se retrouver trois jours autour du thème « ANTHROPOLOGIE CHRÉTIENNE ET ÉDUCATION », souhaitant sensibiliser au fait que l’éducation chrétienne cherche à éduquer au jugement intérieur éclairé, plutôt qu’à l’assimilation d’un modèle clos et définitif, veillant à enraciner le jeune dans ce modèle-ci et non dans un monde modélisé et idéalisé.
Elle promeut un style favorisant la croissance plus que la performance, la bienveillance plus que la concurrence, l’émerveillement plus que la fascination.
Et dans une société qui favorise plus que jamais la dispersion, elle propose de veiller à l’unification de la personne, autour de la quête de la sagesse.
Deux interventions remarquables ont permis de nourrir la réflexion et les échanges. Celle de Christiane CONTURIE sfx, bien connue du monde de l’éducation. Puis le père Louis Marie CHAUVET, théologien, prêtre coopérateur à Eaubonne, professeur honoraire de l’Institut catholique de Paris.
Ces trois jours ont été aussi l’occasion d’un temps d’échanges de pratiques, de temps conviviaux et culturels avec la visite de l’abbaye de Royaumont puis celle du site de Bury grâce à l’exposition : « Maison de campagne de Tattet au cœur du mouvement romantique ».
Vivre ce temps pastoral fraternel de réseau est primordial, il est ressourçant.
Mot d’entrée par la Cheffe d’établissement Christel LOUIS
« Bienvenue à tous, Je suis particulièrement heureuse de vous accueillir ce matin dans cette chapelle improvisée de l’Externat Saint Joseph. Nous aurions dû nous retrouver dans notre chapelle à ciel ouvert que tous ceux qui cheminent avec nous aux côtés de leurs enfants, leurs petits enfants ou leurs élèves, connaissent : notre théâtre de verdure qui accueille tous les ans de nombreuses célébrations. La météo de ce début d’automne en a décidé autrement et nous voici dans un lieu que vous connaissez aussi, parfois sur des temps de réunion ou même de spectacle. Cette chapelle a cependant accueilli également bon nombre de célébrations comme celles de la Saint Joseph et celle des 50 ans de l’implantation de l’Externat Saint Joseph sur le lieu-dit La Cordeille.
Il y a un an, nous étions rassemblés à l’Institution Sainte Marie à La Seyne sur Mer, le tout premier établissement Mariste du bassin Toulonnais, à l’occasion de la fête du Saint Nom de Marie, pour célébrer 175 ans de présence Mariste à Toulon, de magnifiques souvenirs qui restent gravés dans nos mémoires.
C’est à nouveau dans la commémoration des Maristes en mission que nous vous accueillons aujourd’hui. Le thème de l’Association Maristes en Education cette année, nous invite à nous engager d’un souffle renouvelé, ce même souffle qui en décembre 1836 a permis aux premiers Maristes missionnaires de prendre le large vers les îles océaniennes pour partager les convictions de la société de Marie en se mettant au service des populations. Ces missions, vous pourrez les découvrir ou les redécouvrir tout à l’heure, au travers d’une exposition de grande qualité, fruit du travail conjoint de Martine Putzka et Lionel Roos Jourdan, à la cafétéria des lycéens.
Ces missions sont toujours les nôtres aujourd’hui, sur des terres moins lointaines, sans nécessairement prendre la mer, mais auprès de jeunes et d’adultes en quête de sens.
J’emprunterai ces quelques phrases au Père François Drouilly : « Les Maristes ne parlent pas de Marie. Ils ne l’honorent pas de façon spéciale. Ils empruntent son chemin, celui du disciple, et mettent toute leur vie sous le signe de la confiance. S’ils vont – encore – au bout du monde comme les premiers qui atteignirent l’Océanie en 1836, ils souhaitent aussi – restant sur place – porter l’Evangile dans des pays largement inconnus, ceux de l’exclusion, de la marginalité, de l’incroyance, de la solitude ou de la banalité quotidienne. »
J’en profite pour remercier toute l’équipe pastorale et technique qui a œuvré ces dernières semaines pour la préparation de cette matinée.
Merci d’être présents à nos côtés, bonne célébration du Saint Nom de Marie à tous. »
Christel LOUIS, Cheffe d’établissement coordinatrice de l’Externat Saint Joseph – La Cordeille, Ollioules
Anne le Blanc est décédée la semaine dernière, elle a été A.P.S à l’Institution Sainte Marie de La Seyne sur Mer puis modératrice de « Maristes en Education ».
Béatrice Van Huffel a lu lors de ses obsèques un extrait d’un texte sur la foi et l’esprit mariste qui ne peut que résonner dans cœurs :
Anne le Blanc 1948-2022
« Si l’Église a de nouveau un sens pour moi, c’est parce que j’y ai rencontré des visages d’humanité qui voulaient dire autre chose qu’une difficulté partagée, un soulagement immédiat, un repas sympathique, un humour regonflant, une joie ou même un bonheur momentanés. Retrouvant ce climat familier déjà, de simplicité, d’écoute attentive, d’à priori positif sur chacun, d’humour et de patience, de messes sans excès mais bien préparées, et surtout de paroles ancrées dans ce qui se vit, j’ai aimé travailler avec eux et très vite souhaité approfondir ces valeurs maristes qui me devenaient essentielles. Je peux maintenant dire que ce visage de l’Église, donné par les Maristes, m’a fait accéder à l’Église universelle, visage heureux et plein d’avenir puisqu’il éveille chacun à ses capacités personnelles, lui faisant vivre une expérience de la révélation, expérience quotidienne qui fait aller là où de soi-même on n’irait pas forcément ».
Anne le Blanc, mai 2008
Anne le Blanc lors de la session 2013 de La Neylière
Voici un texte qui peut résonner après notre session virtuelle de La Neylière de vendredi 26 mars 2021 pour envisager l’avenir avec confiance.
Malel – L’enfant et la vie – Huile, 2014, Centre Madeleine Danielou à Rueil-Malmaison
Le mot : « Pâque », en hébreu, veut dire « passage ». C’est la mémoire de cette nuit où le Peuple de Dieu décidé à sortir de l’esclavage d’Egypte, s’est trouvé coincé par la Mer Rouge.
Le peuple s’est trouvé pris au piège entre la cavalerie des armées d’Egypte qui le poursuivait et la Mer Rouge qui lui barrait la route. C’est cette nuit-là que sur l’ordre de Dieu, la Mer Rouge, s’est écartée en deux devant le Peuple de Dieu lui ouvrant ainsi le passage. Ce qui était un obstacle est devenu un chemin. Ce qui bouchait la route est devenu la route elle-même. Passage pour franchir la Mer Rouge d’une rive à l’autre. Passage pour traverser la nuit jusqu’au jour. Passage pour franchir l’accès à la Liberté. Si la Pâque est un passage, cela veut déjà dire qu’il existe toujours au moins un passage.
Nous avons si souvent l’impression que nous vivons dans des impasses. Que nous sommes coincés, emprisonnés, enfermés dans des problèmes sans issues. La Pâque est là, toujours en avant de nous pour nous ouvrir des passages, ouvrir des chemins là où nos yeux ne voient que des murs qui se dressent et qui barrent la route. Par ailleurs s’il existe toujours un passage c’est que nous serons toujours des gens de passage. La Pâque a toujours été une affaire de nomades, une affaire de migrants et de pèlerins.
Si la Pâque ouvre des passages c’est que nous sommes tous appelés à être des passants, à le devenir et à le rester toujours. Dans la Pâque personne n’est jamais « arrivé », tout le monde est tous les jours en route. Nous serons toujours « les passagers » de la Pâque. On ne peut jamais s’installer dans la Pâque. On est toujours en route et en chemin. C’est pourquoi le Croyant vit en marchant, en campant, en route, en chemin. La Foi conduit à Pâque parce qu’elle se vit toujours dans le provisoire. Être Croyant c’est un appel, c’est une vocation à ouvrir des passages, à découvrir des nouveaux chemins, à tracer, à dégager, à baliser des nouveaux sentiers. « La Pâque », le passage, cela veut donc dire aussi un chemin, un sentier ou une autoroute, mais toujours une issue.
Si la Pâque est un chemin ouvert, un chemin grand ouvert, c’est Jésus lui-même dans l’évangile qui nous dit que c’est lui le chemin,le passage de la Pâque, ce n’est pas une chose, ce n’est pas une réponse toute faite, ce n’est pas une vérité dans les livres, c’est toujours Quelqu’un, c’est toujours une Personne, le passage c’est toujours Dieu lui-même. Dieu n’est jamais un monument, une basilique, une statue ou une cathédrale, Dieu c’est toujours un chemin, un passage, une ouverture. Dieu n’enferme jamais, il n’emprisonne jamais. Dieu n’est jamais un savoir mais toujours Quelqu’un. Dieu ne cherche pas à nous « avoir », à nous « posséder », à nous compter dans ses clients ou sans sa clientèle, Dieu ne cesse de nous appeler : « lève-toi et marche… » Dieu n’est pas un chemin obligatoire, Dieu n’est pas un sens obligatoire comme une loi, Dieu ouvre un passage et ce passage est celui de la liberté parce que cette Pâque est celle d’Amour… La Pâque c’est la Parole de Dieu même qui appelle chaque personne à s’humaniser parce que c’est l’humain qui est la seule image et la ressemblance de Dieu. La Pâque de Dieu c’est l’Homme.
Le Croyant c’est le jardinier de Dieu.
Jean Debruynne Prêtre de la Mission de France et Poète (1925-2006)